Guomao : luxe, calme et patins
Ilot de luxe et de marbre, 国贸, Guomao,
le World Trade Center est inaccessible à vélo. Enfin disons qu'il est
impossible de parquer son vélo aux portes du luxe, surtout si celui-ci
ressemble à une poubelle comme le mien. Du coup je me suis mise à
inspecter mon fidèle deux roues avec dédain, mais c'est vrai que t'as l'air d'une poubelle !
Il
n'y a même pas de parking à vélos à 国贸, et une petite plongée en
aphnée dans cette bulle dorée explique pourquoi. Vous imaginez ces
quelques milliers de chinois les plus riches de Pékin, les pieds en canard sur les pédales, rentrer à la
maison les guidons chargés de sacs Vuitton, Gucci et autre Prada, et Christian Lacroix ficelé sur le porte bagages ?
Naaaaaan.
Il n'y a vraiment que moi pour accrocher mes paquets aux
guidons, ça bloque les cables des freins, et rend la course encore plus pénible.
Enfin revenons à ce shopping mall qui n'a pas voulu de moi, ce Guomachin là...
Autant vous dire que je n'irai plus jamais, pas avant que j'ai vraiment
les moyens de m'y acheter quelque chose, c'est trop frustrant. Ils sont
donc là tous ces nouveaux riches !
En visitant le nouveau magasin Louis Vuitton - notez que j'aurais pu écrire en faisant mes courses chez Louis Vuitton, mais non, en visitant est venu plus naturellement ! - je contiens mes wouaouuu intérieurement.
Je cramponne mon appareil photo dans ma poche droite, mais il est bien
évident que les multiples gardes du temple cramponnent leur regard à
cet endroit. Impossible de ramener des preuves visuelles de mon
immersion dans la beauté. La moquette est souple, mes pieds s'enfoncent
et se
sentent bien, le design du magasin en duplex est sublimissime, les
clients chinois signent des chèques, mes pieds s'enfoncent, les chinois
paient cash, mes mains attrapent une mule, juste pour voir,
elle est toute légère, 37, oh c'est ma pointure, les chinois continuent de
signer des chèques ... cherchez pas une passeuse de plumeau sur mules trilingue ? Oui, c'est bon, je lâche la mule, ok, pfuuu.
Avant
de retourner dans la vraie vie, celle où on peut garer son vélo
tout déglingué n'importe où, petit arrêt à la patinoire. Et vous savez-quoi ? Même
sensation de légèreté, de souplesse ... tranquille, no soucy ... on est pas bien là,
à faire la toupie sur la glace pendant que maman fait valser les étiquettes chez
Chanel ? Elle est pas belle la vie ?
Hmm ?
Allez, un
dernier petit coucou à Gisèle, immortalisée sur cette magnifique
campagne de pub Vuitton, et je rentre à mes pénates. Sans Christian Lacroix.