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C'est très original de poster un article le 8 août à 8h08 quand on est à Pékin en 2008, donc je le poste à 8h08 le matin, et non le soir, histoire d'être un peu rebelle. La photo n'est pas à l'heure non plus puisqu'elle date de trois ans. Et le ciel n'est pas raccord non plus puisqu'il est bleu. Champ de vision vierge de fuwawa*, de drapeaux et de képis ... c'est le Pékin que je préfère. Le Pékin calme et détendu.
Comme me disait hier en plaisantant un ami chinois, "il fera beau demain car le gouvernement ne permet pas qu'il fasse mauvais le 8 août 2008". J'adore cette phrase. D'abord parce qu'elle est drôle. Ensuite parce qu'elle fait référence, même sur le ton de la dérision, à cette confiance tranquille qu'ont beaucoup de Chinois en leur gouvernement. En cette confiance qu'ils ont de sa fermeté et de sa faculté à faire tourner les éléments dans le sens qu'il faut.
A l'heure où les étrangers résidents de Pékin se renvoient depuis quelques jours la question "et toi tu fais quoi pour le 8 au soir ?", "tu la regardes où la cérémonie ?", les quelques connaissances chinoises que j'ai et à qui j'ai posé ces mêmes questions m'ont toutes répondu "je reste à la maison", "je vais regarder la cérémonie à la télé en famille", sans parler de ceux qui quittent carrément Pékin, "car il y aura trop de monde". Je parierais fort qu'un même événement à Paris auraient sorti les gens de devant leurs télés, les auraient rassemblés dans les cafés, les bars, les places publiques, pour vivre et vibrer ensemble ... comme en 1998.
On assiste à un Pékin qui se vide. Des rues où moins de passants se promènent. Des restaurants qui marchent au ralenti. Des hôtels très loin d'être complets. Des surveillants de rues déguisés en bonshommes de la circulation plantés à chaque carrefour, agitant sans conviction et surtout sans effet des petits drapeaux rouges pour indiquer aux vélos que c'est à eux de passer, ou à eux de s'arrêter.
4 jours. C'est ce qu'il me reste pour vivre les JO de Pékin 2008, puisque pour des raisons de formalités de visa de résident je dois quitter la Chine dès le 12, pour y revenir après la cérémonie de clôture. Ironie de mon histoire chinoise, moi qui m'étais promis il y a trois ans de rester jusqu'aux JO, pour vivre cet événement hors du commun. Et finalement de réaliser que non, je ne suis pas si malheureuse de quitter la ville et son ambiance de garnison qui dépékinise le plus pékinois des Pékinois.
Je vais essayer de palper le pouls de ces premiers jours d'olympisme, ou ce qu'il en reste. Et de revenir non avec une médaille, mais avec d'autres histoires.